En marge de la COP24 à Katowice en Pologne, le Ministère des Eaux et forêts a organisé ce mardi 4 décembre 2018, un Side Event. L’orateur, en la personne du ministre Alain – Richard DONWAHI a présenté à l’auditoire, la nouvelle stratégie nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts de la Côte d’ivoire. Nous vous en donnons ici les grandes lignes
Avant tout propos, le Ministre Alain – Richard DONWAHI a fait un état des lieux succinct de la couverture forestière de la Côte d’Ivoire qui « a connu un fort recul en passant de 16 millions d’hectares en 1900, à 3,4 millions d’hectares en 2015. Les causes de ce recul sont entre autres : l’agriculture extensive, l’exploitation mal maîtrisée des forêts pour satisfaire les besoins en bois d’œuvre et en bois énergie, l’exploitation minière illégale, l’urbanisation et l’insuffisance de la capacité de la puissance publique à faire respecter sur le terrain les textes réglementaires devant protéger les forêts ». Conscient des enjeux tant au niveau social, environnemental, qu’économique de la déforestation et de la dégradation des terres sur la vie des populations, l’Etat ivoirien a pris ses responsabilités à travers deux actes majeurs pour préserver et restaurer les forêts, à savoir :
- la signature en novembre 2017, du Cadre d’Action Commune de l’Initiative Cacao et Forêts visant à éliminer la déforestation dû à la chaîne d’approvisionnement du cacao ;
- l’adoption en mai 2018, de la nouvelle politique de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts.
La nouvelle politique forestière
Abordant le point de la nouvelle politique forestière, l’orateur a relevé qu’elle a été élaborée selon « un processus participatif, incluant la société civile, le secteur privé et les partenaires techniques et financiers ». Elle vise quatre objectifs majeurs, que sont :
- la préservation de la biodiversité qui contribue, par les opportunités qu’elle offre au plan de la sélection génétique, à l’amélioration des performances de l’agriculture et de la foresterie et vise également la conservation et la protection des molécules qui pourront être exploitées par l’industrie pharmaceutique.
- la préservation d’un climat national propice aux activités agricoles et à la qualité du cadre de vie en permettant la protection des sols et la régulation du cycle de l’eau.
- le respect des engagements pris par l’Etat de Côte d’Ivoire, dans le cadre de l’Accord de Paris de décembre 2015, en faveur du climat mondial. Ces engagements contribueront à lutter contre les changements climatiques, créant ainsi les meilleures conditions pour la réhabilitation des forêts et la séquestration du carbone.
- le développement social et économique en fournissant les ressources nécessaires au maintien et au développement d’une industrie du bois durable et compétitive et de façon raisonnée, de récupérer les espaces dégradés pour y développer de nouvelles activités agricoles, diversifiées, rentables, durables et préservatrices de l’environnement.
Afin de faciliter la mise en œuvre de la nouvelle politique forestière, le Gouvernement ivoirien, à travers le Ministère des Eaux et Forêts, a engagé des actions importantes, notamment :
- l’élaboration en cours de la stratégie de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts. Son budget est estimé à 616 milliards de FCFA, soit 939 millions d’Euros ;
- l’élaboration d’un projet de code forestier diffusé à l’ensemble des partenaires concernés. « Ces derniers y ont apporté leurs commentaires et contributions. Le projet de code ainsi révisé est dans le circuit d’approbation » a-t-il ajouté.
- la mise à la disposition du Ministère des Eaux et Forêts, d’une dotation budgétaire de 4 milliards de FCFA, soit plus de 6 millions d’Euros par le Gouvernement qui ont servi à équiper les services déconcentrés (24 Directions régionales, 29 Directions départementales, 118 Cantonnements et 191 Postes) en véhicules et en motos, de même que la Brigade de Surveillance et d’Intervention afin de les rendre opérationnels pour la réalisation de leurs missions de surveillance et de préservation des forêts.
Sur ce premier point, le Ministre a conclu que « cette Politique centrée sur la gestion différentielle des forêts, accorde une place de choix volontariste à la promotion de l’agroforesterie. Initiée en toute responsabilité, cette politique traduit la volonté de l’Etat ivoirien d’allier la préservation des ressources forestières à la production durable des ressources agricoles, tout en maintenant son leadership au niveau mondial dans la production des matières premières agricoles.
En outre, l’introduction du concept « d’agroforêt » dans la politique nationale vise d’une part à concilier la foresterie et l’agriculture, et d’autre part, à protéger et à étendre le patrimoine forestier résiduel. La mise en commun de la foresterie avec l’agriculture renforcera la maîtrise de la déforestation et contribuera à encadrer les cultures en forêt ».
La liaison fût toute trouvée pour parler du Cadre d’Action Commune de l’Initiative Cacao et Forêts, signé en novembre 2017, en marge de la Cop 23 à Bonn, en Allemagne, par les gouvernements de Côte d’Ivoire et du Ghana, avec une trentaine d’entreprises de l’industrie du cacao et du chocolat.
L’Initiative Cacao et Forêts
A la suite de la signature, a été organisé à Abidjan, en Côte d’Ivoire, un atelier de lancement de l’Initiative Cacao et Forêts, les 17 et 18 janvier 2018, avec l’ensemble des parties prenantes. A cet atelier, « les bases de l’opérationnalisation du Cadre d’Action Commune ont été définies et des réalisations ont été faites, notamment :
Au titre de la gouvernance :
- la formalisation des organes de gouvernance du Cadre d’Action Commune actée par la prise d’un arrêté interministériel signé par sept (7) ministres concernés par l’Initiative Cacao et Forêts, le 03 juillet 2018. Les organes sont :
- le Comité de Pilotage chargé de donner des orientations et d’approuver les budgets et les plans d’actions ;
- le Comité Technique chargé de faire des propositions au Comité de Pilotage ;
- le Secrétariat Technique, avec pour rôle de superviser les travaux des groupes de travail ;
- six Groupes de travail chargés de préparer le plan d’action détaillé, le budget détaillé, d’en assurer le suivi-évaluation et de faire des propositions techniques.
- La création au sein du Ministère des Eaux et Forêts d’une Unité de Coordination des Projets de l’Initiative Cacao et Forêts a vu le jour en août 2018 par arrêté ministériel, afin de constituer une équipe spécialement dédiée à l’Initiative Cacao et Forêts chargée d’assurer la supervision de sa mise en œuvre au quotidien ;
Au titre de la mise en œuvre du contenu technique du Cadre d’Action Commune :
- l’élaboration et l’approbation par le Comité de Pilotage, en sa séance du 29 juin 2018, du plan d’actions structuré en deux phases que sont la phase de démarrage ou phase pilote de trois ans couvrant la période 2018 à 2021 exécutée dans cinq régions pilotes ; suivie de la phase d’extension d’une durée de dix ans, couvrant la période 2021à 2032. Le Plan d’actions détaillé couvre les six thématiques ou composantes suivantes :
- Préservation et réhabilitation des Forêts,
- Production durable et Agroforesterie,
- Traçabilité,
- Inclusion sociale,
- Financement,
- Suivi-évaluation.
- l’élaboration et l’approbation du budget détaillé de la phase de démarrage par le Comité de Pilotage en sa séance du 08 novembre 2018. Le montant du budget approuvé est de 126 milliards de FCFA, soit 192 millions d’Euros. Il sera ajusté dès la finalisation des plans d’actions individuels des entreprises signataires.
- l’actualisation de la cartographie des parcs et réserves à l’exception d’un seul parc (Mont Péko) qui sera actualisé avant la fin de l’année.
- la définition des indicateurs de performance sous la direction du secrétariat de la Redd+. »
A ce stade de son propos, Monsieur Alain – Richard DONWAHI a tenu à préciser que « des actions importantes restent à poursuivre ou à entreprendre pour la mise en œuvre des actions concrètes sur le terrain et espérer avoir des impacts tangibles au terme des trois années de la phase de démarrage. Ce sont entre autres :
- l’organisation d’une table ronde avant la fin de l’année 2018 ou au début de l’année 2019 en vue de la mobilisation des ressources financières auprès des bailleurs de fonds et des Partenaires Techniques et Financiers.
- la définition des mesures de sauvegarde environnementale et sociale avant la fin de l’année 2018.
- la réalisation de l’étude relative à la création du fonds destiné au financement des actions de l’Initiative Cacao et Forêts, pour la fin du premier trimestre 2019 au plus tard : la mobilisation de financements en faveur de l’initiative demeure la condition sine qua non de succès du processus.
- la réalisation de l’étude relative à la mise en place du système de traçabilité unifié du cacao. Le gouvernement y accorde la priorité et les termes de référence élaborés par le groupe de travail présidé par le Conseil du Café-Cacao sont disponibles. Le plan d’action du système national de traçabilité pourrait être disponible d’ici à la fin 2019 et la traçabilité permettra entre autres, de vérifier l’origine du cacao produit depuis le premier point d’achat jusqu’à l’exportateur ».
Affirmant que « les groupes de travail et le secrétariat technique sont à la tâche et respecteront le chronogramme contenu dans le plan d’action détaillé. », le ministre a tenu à relever que « certains des engagements pris dans le Cadre d’Action Commune connaissent un niveau de réalisation très avancé. Ces engagements sont :
- Arrêter de s’approvisionner en cacao provenant des Parcs nationaux et Réserves : cet engagement est effectif ;
- Actualiser les cartes du couvert forestier et de l’utilisation des terres pour les différentes forêts d’ici le 31 décembre 2018 : cet engagement sera tenu pour ce qui concerne les limites des parcs nationaux et réserves. La cartographie de tous les parcs nationaux et réserves a été actualisée à l’exception du parc du Mont Péko. La cartographie actualisée de ce parc sera effective pour la fin de l’année 2018 au plus tard. En ce qui concerne la cartographie actualisée des forêts classées, des dispositions sont prises pour faciliter l’exécution de cette activité par la Société de Développement des Forêts (SODEFOR) d’ici la fin juin 2019, au plus tard.
- Amender le code forestier : le projet du nouveau code forestier est diffusé à l’ensemble des partenaires concernés. Nous en espérons l’approbation par les instances compétentes au début de 2019 au plus tard ».
« Tous les engagements pris dans le Cadre d’Action Commune seront honorés par le gouvernement de la Côte d’Ivoire même si certaines échéances mériteraient d’être revisitées, avec d’accord des parties. » a-t-il mentionné sur ce point.
Au terme de ses propos, Monsieur Alain – Richard DONWAHI a tenu à rassurer l’auditoire que « la nouvelle politique forestière suscite l’adhésion des parties concernées, en particulier des partenaires intéressés par la gestion des agro forêts. Les actions menées jusqu’à présent, tant en ce qui concerne la nouvelle politique forestière que l’Initiative Cacao et Forêts, sont le fruit du travail réalisé selon un processus participatif impliquant l’ensemble des différents partenaires tant de l’industrie, du gouvernement que de la société civile. Les actions seront poursuivies selon la même approche participative en vue de la mise en œuvre de la phase de démarrage de l’Initiative Cacao et la stratégie de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts. Dans cette perspective, les signataires du Cadre d’Action Commune devront conjuguer leurs efforts en vue de la mobilisation des ressources financières pour la mise en œuvre du plan d’actions de l’Initiative Cacao et Forêts. »
Larges extraits du discours de Monsieur Alain – Richard DONWAHI,
Ministre des Eaux et Forêts de la Côte d’Ivoire,
en marge de la COP 24, en Pologne, le 04 décembre 2018.
Source : eauxetforets.gouv.ci